En mars dernier, le Centre d'analyse stratégique (CAS) et la direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) des ministères sociaux publiaient une note intéressante sur l'évolution des besoins dans les métiers des services à la personnes à l'horizon 2020.
Cette note intitulée : « Progression et féminisation des emplois les plus qualifiés - dynamisme des métiers d'aide et de soins aux personnes » constitue la quatrième édition d'une étude récurrente sur le sujet. Elle met en exergue les grandes lignes des évolutions de l'emploi par métier à l'horizon 2020.
750 000 emplois par an
De manière globale, entre 2010 et 2020, le nombre de postes à pourvoir devrait se maintenir à un niveau élevé, en raison principalement des départs en fin de carrière mais aussi des créations nettes d'emplois. Concernant plus spécifiquement les départs en fin de carrière, les auteurs de cette note constate que depuis le début des années 2000, l’arrivée en fin de vie active des premières générations nées après la seconde guerre mondiale (les fameux babyboomers) engendre un nombre croissant de départs en fin de carrière. « Ces départs resteront nombreux sur la décennie 2010-2020, même si l’âge moyen de cessation d’activité augmentera compte tenu du recul de l’âge de fin d’études et des mesures prises pour reporter l’âge de la retraite (allongement de la durée d’assurance requise pour obtenir une pension à taux plein, réforme des régimes spéciaux, report de l’âge minimal de liquidation de 60 à 62 ans…). »
Globalement, les départs en retraite tournent autour de 600 000 par an selon les estimations CAS/Dares. Du côté de la création nette d'emplois, si les chiffres sont plus aléatoires puisque les hypothèses économiques sont perturbées par les effets de la crise économique, cependant « dans un contexte de croissance de la population active, et sur la base d’un taux de croissance annuel moyen du PIB de 1,9 % sur l’ensemble de la décennie, près de 1,5 million d’emplois pourraient être créés sur dix ans, soit 150 000 par an en moyenne ».
Au final, sur la période 2010-2020 selon les estimations CAS/Dares, « en additionnant les flux de départs en fin de carrière et les créations nettes d’emploi, le nombre annuel de postes à pourvoir avoisinerait 750 000 par an, soit 2,8 % du nombre moyen d’emplois occupés sur la période 2010-2020. Il s’agit d’un niveau proche de ceux atteint dans les années 1997-2001 et 2005-2010. »
Les emplois d'aide et de soins aux personnes fragiles explosent
Dans les prochaines années, plusieurs secteurs d'activités vont connaître des pointes de création d'emplois (métiers hautement qualifiés dans le bâtiment, le marketing, les nouvelles technologies...), mais là où les besoins seront les plus importants, selon le CAS/Dares, ce sera dans les secteurs des métiers d'aide et de soins aux personnes fragiles. L’ensemble des professions de soins et d’aide aux personnes fragiles devraient « bénéficier d’une forte dynamique de l’emploi, à l’exception des médecins pour lesquels le remplacement des départs n’est pas assuré à l’horizon 2020. Aides à domicile, aides-soignants et infirmiers figureraient ainsi parmi les métiers qui gagneraient le plus d’emplois à l’horizon 2020, avec près de 350 000 créations nettes en dix ans ».
Comment expliquer cette forte progression ? Selon les experts CAS/Dares, plusieurs facteurs structurels sont favorables. Le vieillissement de la population en premier lieu engendre des besoins croissants en matière de soins et d’accompagnement de la dépendance alors que dans le même temps, « les possibilités de prise en charge par les familles tendent à se réduire dans un contexte de hausse du taux d’activité des femmes après 45 ans et de fragmentation croissante des structures familiales. »
Le développement de la médecine ambulatoire et le maintien à domicile des personnes âgées vont également nécessiter la création de nouveaux emplois. « Le nombre d’assistantes maternelles devrait également augmenter pour répondre aux besoins encore insatisfaits de prise en charge des jeunes enfants ». A tous ces facteurs structurels s'en ajoute un autre de poids : « Les départs en fin de carrière sont traditionnellement élevés dans les métiers d’assistante maternelle et d’aide à domicile. Souvent occupés par des femmes reprenant un emploi après une interruption ou une reconversion, ces métiers comptent en effet plus d’une personne sur trois âgée d’au moins 50 ans ». Tous ces facteurs concourent à ce que le nombre de postes à pouvoir soit très important « notamment parmi les aides à domicile. Entre 2010 et 2020, plus de 300 000 postes seraient à pourvoir dans ce métier, que ce soit pour pourvoir au remplacement des départs en fin de carrière (pour une moitié d’entre eux) ou, pour une autre moitié, pour occuper les emplois supplémentaires. »
Une aubaine pour le secteur privé de l'aide à domicile, notamment développé en franchise ! (voir les franchises d'aide aux personnes agées et fragilisées)
Dominique André-Chaigneau, Franchise Service©